Le Petit Catéchisme
nous rappelle, nous les plus vieux, des souvenirs nostalgiques
et parfois un peu douloureux. Pour les plus jeunes, c’était
un petit livre (9 cm x 14 cm x 1 cm) sur les principes religieux.
Il était précieux dans le temps et était le guide de notre
vie, 24 heures sur 24. Moi, je le gardais proprement dans
une boîte métallique vide de cigarettes Players. Les temps
changent.
En 1955, alors
que j’étais en 8e et dernière année à mon école de campagne
à Gagnon, (Limoges), nous étions 22 élèves, tous de parenté,
répartis dans 8 niveaux dans la même classe. Plus tard,
je taquinais mes filles en leur disant : « Quand j’étais
à mon école primaire, j’étais toujours premier ou deuxième
de classe », jusqu’au jour où elles trouvèrent ma photo
de classe. Il m’a bien fallu admettre qu’en 8e année, il
n’y avait que mon cousin Gilles Pommainville et moi.
Chaque soir,
on devait apprendre par cœur les réponses aux questions
du Petit Catéchisme que la « maîtresse » allait nous demander
le lendemain matin. Parfois, c’était une question sur les
péchés véniels, péchés qu’on n’avait pas besoin de déclarer,
ou les péchés mortels, péchés qu’il fallait « déclarer à
un prêtre dûment approuvé pour obtenir le pardon ». Il y
avait aussi les sept péchés capitaux : la colère, l’avarice,
l’envie, l’orgueil, la luxure, la paresse et la gourmandise.
Notre mère nous rappelait souvent: « La paresse, c’est le
pire des péchés ; quelqu’un de paresseux ne fait rien et
pense seulement à faire les six autres péchés. » Le Petit
Catéchisme nous enseignait aussi les sacrements, les prières,
les vertus et les béatitudes. C’était la base de tout.
Le vendredi,
M. le Curé venait nous confesser; quel traumatisme! On ne
se souvenait plus de quels péchés on avait fait et de combien
de fois ; péchés véniels ou mortels? On ne pouvait pas se
confesser sans péchés et il ne fallait pas trop en dire,
car la pénitence serait trop grosse. C’était une question
d’équilibre. Donc, si on se confessait le vendredi, on faisait
attention de ne pas tomber dans le péché avant la communion
du dimanche. Un certain vendredi, Raynald (nom non fictif)
ne voulait pas se confesser : « Si j’y vais aujourd’hui,
Madame, je vais être encore plein de péchés dimanche. »
Nous allons encore
à la messe le dimanche, mais ma perspective de la religion
s’est ajustée avec le temps. Le régime de peur et d’autorité
s’est changé en état de compassion, d’aide et de fraternité.
J’admets que je ne suis pas toujours complètement attentif
aux homélies, autres que celles de notre bon curé qui nous
parle d’actualité qu’il relie à l’évangile. Ce temps à errer
me sert à solutionner certains défis personnels et à penser
à ma famille. Quant aux évangiles, j’essaie de me reporter
aux temps anciens en y ajoutant un certain filtre qui devient
plus épais quand on laisse les femmes de côté : « Ceux qui
avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les
femmes et les enfants » (Matthieu 14,21). Les temps ont
changé et le monde a heureuse-ment évolué, même s’il n’est
pas encore parfait.
Pour moi, la
religion, quelle qu’elle soit, ne comporte que deux principes
qui nous viennent curieusement du Petit Catéchisme : « Ne
faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on
vous fasse » et « Aimons-nous les uns les autres. »