Le phénomène
de la désinformation n’est pas nouveau, mais il attire beaucoup
l’attention ces dernières années. À l’ère du numérique,
nous avons un accès facile à une très grande quantité d’information,
de qualité variable, qui évolue très rapidement. En tant
que citoyens, nous devons être vigilants, nous questionner
sur les sources d’information et les intentions de ceux
qui les produisent. N’importe qui peut devenir producteur
de contenu d’information. Que ce soit le simple citoyen,
la grande corporation internationale ou un parti politique.
En cette année électorale au fédéral, nous devons y prêter
une attention particulière. Le thème de la Journée mondiale
de la liberté de la presse de cette année, le 3 mai, était
: Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections
en période de désinformation.
Un thème qui
tombe à point alors que récemment, le premier ministre de
l’Ontario, Doug Ford, a remis en question la pertinence
du travail des journalistes sous prétexte qu’il peut s’adresser
directement aux citoyens via les médias sociaux. Des propos
qui nous donnent l’occasion de réfléchir au rôle de chien
de garde de la démocratie des médias dans notre société.
La presse communautaire
joue un rôle fondamental dans la protection de la démocratie.
Elle limite les risques d’érosion de l’information en assurant
un lien de proximité entre les citoyens et les acteurs de
la nouvelle tout en offrant une perspective locale sur l’actualité.
Ce que les grands médias d’information peuvent faire difficilement
en raison de la nature de leurs mandats.
Pour assurer
l’indépendance des salles de rédaction de ses journaux membres
et réaffirmer leur rôle dans les collectivités, en 2017,
l’APF a pris le taureau par les cornes en se dotant de la
Charte de la presse écrite de langue française en situation
minoritaire au Canada. En adhérant à la Charte, les journaux
« [défendent] la liberté de presse et le droit d’accès du
public à l’information » et peuvent « jouer un rôle de surveillance
à l’égard des instances et groupes financés par l’État ou
par des collectes publiques de fonds ».
Il relève de
l’intérêt public d’avoir accès à de l’information objective,
de qualité et impartiale. C’est pourquoi la liberté de presse
est essentielle au maintien d’une démocratie saine. D’ailleurs,
rappelons-nous qu’au Canada, l’article 2b de la Charte des
droits et libertés garantit la liberté de presse et d’autres
moyens de communication comme droit fondamental.
Je salue aussi
le travail des journalistes d’ailleurs dans le monde, qui
jour après jour, questionnent, analysent et, parfois, courent
des risques afin d’informer le public et de protéger les
démocraties. Malheureusement, dans plusieurs pays, certains
doivent le faire au péril de leur vie. Le classement mondial
de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières
(RSF), où le Canada occupe le 18e rang sur 180 pays et territoires,
révèle que : « les conditions des travailleurs de l’information
se sont dégradées, d’autantque ‘la haine’ envers les journalistes
‘a dégénéré en violence’ » .
Le droit à la
liberté de presse relève de la responsabilité de tous. Les
journalistes doivent pouvoir exercer leur métier librement
et en sécurité afin de fournir une information fiable, rigoureuse
et objective. Le public peut ainsi prendre des décisions
éclairées sur les divers enjeux de nos sociétés.