Du projet de loi C-13 aux investissements supplémentaires, les avancées sont notables au chapitre des langues officielles depuis le retour au pouvoir des libéraux en 2015. Or, les faux pas le sont également, ce qui illustre un manque de cohérence au sein du gouvernement.
Le mois de mars a débuté avec le dépôt du projet de loi C-13 visant à moderniser la Loi sur les langues officielles du Canada. La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, s’est rendue au lieu historique national de Grand-Pré le 1er mars, premier jour du Mois de la francophonie, pour en faire l’annonce. La symbolique était forte.
Moins d’un mois plus tard, on apprenait que ses collègues à la Justice et à Emploi et Développement social Canada prévoyaient porter en appel le récent jugement dans le dossier des services d’aide à l’emploi francophones en Colombie-Britannique.
La nouvelle a suscité l’indignation au sein des communautés francophones à travers le pays. Moins d’une semaine plus tard, le gouvernement a abandonné l’idée de porter en appel le jugement. Malgré ce dénouement positif, ces tergiversations illustrent un degré de sensibilité inégal aux langues officielles au sein du Cabinet.
Dans les dernières années, plusieurs membres du Cabinet fédéral sont montés aux barricades pour défendre les intérêts des francophones lorsque leurs acquis étaient mis en péril par des gouvernements provinciaux conservateurs, notamment en Ontario, en Alberta et au Nouveau-Brunswick.
Le fédéral n’est toutefois pas toujours un modèle en la matière. Dans la dernière année, ce même gouvernement a omis de prévoir des clauses linguistiques dans les ententes pour la mise en place de services de garde abordables.
L’exemple des services à l’emploi en Colombie-Britannique illustre pourtant qu’en l’absence d’engagements explicites dans ce type d’ententes, les risques sont grands pour les francophones d’être laissés pour compte.
En août 2016, le premier ministre Trudeau s’est engagé à ne nommer que des juges bilingues à la Cour suprême du Canada, contrairement à son prédécesseur Stephen Harper. Il s’agissait d’une avancée à souligner, qui a cependant été suivie de plusieurs autres nominations d’envergure qui sont passées outre la maitrise de la langue française.
Du côté du Sénat, Justin Trudeau a rompu une tradition qui remontait à Wilfrid Laurier consistant à assurer une représentation acadienne de la Nouvelle-Écosse. Depuis son arrivée en poste, il aurait eu amplement le temps de rectifier le tir, ayant procédé à cinq nominations dans cette province. Dans l’Ouest, il n’y a désormais plus qu’une sénatrice francophone alors qu’il y en avait deux jusqu’en 2018.
Le respect des langues officielles n’est pas qu’une question de droits linguistiques. Il s’agit aussi d’un exercice de leadeurship politique. Le premier ministre devrait être un modèle en la matière et veiller à assurer une cohérence au sein de son Cabinet.
Or, à l’heure actuelle, Justin Trudeau et son gouvernement cumulent plutôt plusieurs faux pas évitables. Ceux-ci font ombrage au travail des ministres et députés du caucus gouvernemental qui ont à cœur les intérêts des communautés francophones.