Un matin de janvier, une autre collision s’est produite entre un véhicule et un piéton en milieu scolaire. À l’École secondaire catholique Garneau, un élève a été renversé sur le chemin Carrière lorsqu’il se dirigeait vers l’établissement.
Heureusement, l’élève s’en est sorti indemne. Ce ne fut malheureusement pas le cas pour un autre élève qui a été happé et gravement blessé dans le stationnement de l’école Béatrice-Desloges l’an dernier.
Force est de constater que, depuis la fin de la pandémie, il y a une hausse dans les décès de piétons causés par des collisions avec des véhicules. D’après les données compilées par la Ville d’Ottawa, le nombre d’accidents ayant causé la mort de piétons depuis 2017 a plus que doublé, passant de cinq accidents fatals en 2017 à 11 en 2023. Les chiffres de 2024 sont attendus avec inquiétude.
Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette augmentation. D’abord, l’égoïsme routier semble en hausse, à Ottawa comme ailleurs. Ce phénomène désigne une attitude où les conducteurs manquent de civilité et priorisent leurs propres besoins dans le trafic sans égard aux autres. Un tel comportement sous-entend des actions comme ne pas ralentir en apercevant des piétons et même refuser de leur céder le passage. On discerne sans difficulté que des attitudes comme celles-ci augmentent significativement les risques d’accidents graves, voire mortels.
D’autre part, si on jette un coup d’œil aux politiques municipales qui ont été mises en place, on peut se demander si elles priorisent la sécurité des piétons ou la circulation automobile. Ottawa a lancé le « Road Safety Action Plan », visant à éliminer toute collision mortelle d’ici 2035. Des mesures comme l’installation de caméras pour surveiller la vitesse des véhicules devant plusieurs écoles témoignent de cette volonté. Toutefois, ces initiatives semblent parfois contredites par des politiques qui privilégient la fluidité de la circulation au détriment de la sécurité des piétons.
Notamment, dans le cas de l’école secondaire Garneau, la ville considère un arrêt-stop devant l’école comme allant à l’encontre de sa politique, même s’il dessert le principal passage piétonnier pour accéder à l’école. La ville a donc enlevé cet arrêt à la surprise générale.
À titre de second exemple, la ville construit actuellement un carrefour giratoire à l’intersection de Jeanne-d’Arc et la promenade Vineyard ayant pour objectif d’assurer une meilleure fluidité de trafic. Pourtant, avant ce rond-point se trouvaient des feux de circulation qui permettaient aux piétons de traverser cette intersection en toute sécurité. Par conséquent, ces réformes incitent les piétons à prendre des risques pour traverser des routes insuffisamment signalées, la perception de sécurité n’étant pas la même qu’autrefois. Les politiques de la ville ne semblent pas avoir la sécurité des piétons comme priorité. Seraient-elles désuètes?
En fin de compte, si les conducteurs doivent adopter des comportements plus responsables afin de garantir la sécurité des piétons, les politiques municipales doivent tout de même refléter une réelle priorité envers les usagers les plus vulnérables : les piétons. Les politiques doivent non seulement être cohérentes, mais également agir avec urgence pour atténuer les risques immédiats. Ces dangers sont palpables dans notre communauté, comme en témoignent les données compilées par la ville ainsi que les accidents récents.