Je suis
certaine que je ne suis pas la seule personne qui est au
bout de sa patience quant à recevoir la réponse : « Ça va
dépendre du nouveau gouvernement », chaque fois que je pose
une question concernant mon avenir.
Tout le
brouhaha a commencé lorsque le Parti conservateur de monsieur
Doug Ford a remporté les élections provinciales en juin
2018. Pour moi, une élève francophone étudiant le théâtre
au secondaire, les alarmes ont commencé à sonner au moment
où le gouvernement a retiré son soutien financier de l’Univer-sité
de l’Ontario français et a aboli le Commissariat aux services
en français, tout ceci, selon monsieur Ford, au nom des
« défis financiers » de la province.
Je ne
peux prétendre être experte de la situation économique de
l’Ontario, mais mon intuition me dit de me mettre sur mes
gardes. Quand le ministère de l’Éducation annonce une réforme
et que le gouvernement enlève 25 millions de dollars en
éducation, je me dis qu’il vaut mieux appeler Marty McFly
puisque nous semblons reculer dans le temps.
À vrai
dire, les coupures imposées s’appliquent aux programmes
« non-essentiels », ce qui ne spécifie personne en particulier,
mais je ne peux imaginer un politicien se dire : « Oh, le
théâtre, la musique, on ne peut pas couper là-dedans! »
Allons-nous devoir retourner à jouer de la flûte à bec,
peindre à l’eau et faire de petites saynètes jusqu’à la
fin de notre secondaire?
De plus,
il semble que les élèves ont trop d’espace et d’attention
à l’école, et devraient, par conséquent, être répartis plutôt
comme des sardines. Et oui, nous allons passer d’une moyenne
de 22 élèves par classe à un beau gros 28.
Ceci,
encore une fois, joue un rôle dangereux dans la survie des
arts au secondaire. Dans les programmes spécialisés en arts,
les classes deviennent plus petites et cela nous donne la
chance de recevoir de l’enseignement personnalisé. En revanche,
si les classes augmentent à presque 30 élèves, ce ne seront
plus des cours spécialisés, ce seront des cours de gardiennage
avec les seules consignes étant « touche pas », « tais-toi
» et « fais attention ».
Bon, si
nous regardons la situation d’un point de vue objectif,
on peut comprendre que pour un bureaucrate qui tente de
régler les dettes d’une province, les cours « non-essentiels
», tels que les arts, semblent être l’endroit le plus évident
pour effectuer des coupures.
Ceci dit,
je crois qu’il faut démontrer qu’avec la voie dans laquelle
se dirige notre société, les arts enseignent aux élèves
des compétences qui sont de plus en plus recherchées dans
le marché du travail.
En d’autres
mots, il faut montrer l’innovation des élèves artistiques
et le potentiel qu’ils présentent à long terme. Selon l’Analyse
de l’écosystème culturel de l’Ontario, « Quarante-trois
pour cent des artistes du Canada vivent en Ontario. » Il
faut alors souligner le fait que des programmes « non-essentiels
» sont, en effet, une composante essentielle de l’attraction
de notre province, et que cette attraction a le pouvoir
d’attirer les touristes et d’améliorer la situation économique
de l’Ontario. Bref, je sais que les artistes n’ont pas été
spécifique-ment visés et que j’anticipe carrément la fin
du monde, mais si nous ne prenons pas garde, les arts pourraient
aller en voie de disparition aussi vite que le Commissariat
a été aboli.
(Cet article a pu être publié grâce au généreux appui de nos partenaires commerciaux locaux.)