Pour Nicolas Weinberg, «écrire, c’est vivre intensément le réel». Il écrit depuis toujours et a publié un premier recueil de sept nouvelles en 2023. Le fruit était mûr, semble-t-il : Vivre ou presque lui a valu le prestigieux prix littéraire Trillium, attribué par Ontario Créatif. Rencontre avec un auteur qui aime écrire — et lire — la réalité comme elle est, sans détour.
Vivre ou presque rassemble sept récits indépendants traversés par une même thématique : la difficulté d’exister.
Comme lecteur, Nicolas Weinberg aime les récits caustiques, qui correspondent plus à la réalité de tout le monde. « On se dit, c’est vrai : je ne suis pas le seul à avoir des problèmes, pour qui c’est difficile de travailler, de payer mon loyer, de vivre en tant que père de famille, en tant qu’époux… ».
« Les bons récits ne se déroulent pas toujours comme on s’y attend et se terminent encore plus rarement comme prévu », promet justement la quatrième de couverture de Vivre ou presque.
Écrire en marchant
Le processus d’écriture commence souvent par une promenade. Nicolas Weinberg marche pendant des heures et des heures, partout, dans la nature, au bord du lac, dans les parcs, dans Toronto où il habite, sans se lasser. Il se vide l’esprit; les idées viennent.
« Dès que j’ai une idée, je la note. Je la fais grossir avec des détails, des idées, des choses auxquelles je réfléchis.» Marcher, écrire : «c’est une jambe qui entraîne l’autre ».
En période d’écriture, il se lève tôt, s’assoit et écrit avant de commencer son quart de travail de traducteur. «Même si c’est que quelques mots, une ou deux phrases. Le lendemain, je vais les effacer, je vais les retravailler, mais il faut se mettre au boulot, jusqu’à ce que ça me plaise.» Les premières versions reposent parfois quelques années dans ses tiroirs.
Nicolas Weinberg n’écrit pas dans l’objectif d’être publié. C’est d’abord et avant tout un plaisir personnel. Il aime la démarche. Il compare son passe-temps à celui d’un peintre : si ses tableaux plaisent, tant mieux. « S’il n’y a pas de galerie pour m’exposer, c’est pas grave. »
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« Des histoires qui se terminent mal ou qui sont sur des fins ouvertes, ça me fait rêver un peu plus longtemps. » - Nicolas Weinberg |
Marcher et s’intégrer
Cependant, une belle histoire l’attendait, en juin 2024. Nicolas Weinberg recevait le prix Trillium, une récompense créée en 1987 par le gouvernement de l’Ontario pour promouvoir les œuvres littéraires de l’Ontario. Le prix est maintenant administré par le programme Ontario Créatif.
Déjà, le fait de trouver une maison d’édition et d’être publié avait provoqué chez lui le sentiment d’être culturellement intégré à son pays d’adoption.
« Je suis un immigrant», rappelle-t-il : il est arrivé au Canada en 2006 et est citoyen canadien depuis 2011. Lorsqu’il a reçu le prix Trillium, il s’est senti «un petit peu comme le jour où j’ai obtenu ma nationalité ».
Ce sentiment d’être intégré par la culture, « à l’époque à laquelle on vit, c’est quelque chose de réjouissant, croit-il. Ça fait plaisir ».
Il s’est aussi dit qu’il avait bien fait de continuer d’écrire. Journaliste puis traducteur, il écrit depuis toujours, soutient-il. Une première nouvelle de son cru a été publiée en 2004, puis une autre en 2009. Vivre ou presque a pris forme entre 2013 et 2020, mais certaines nouvelles peut-être un peu plus vieilles, indique l’auteur.
S'intégrer et être entendu
Même s’il a publié un recueil en 2023, il a bien d’autres histoires dans sa tête et dans ses tiroirs. Mais après, il faut trouver le temps de les écrire, plaide-t-il. « Avec le travail, ce n’est pas toujours évident ».
Pour Nicolas Weinberg, ce chapitre du prix Trillium, c’est une histoire ouverte.
« Dans ce pays, au Canada, on estime la culture peut aider les gens à se sentir mieux et à s’intégrer. Ici, c’est vrai, on est ouvert d’esprit, on est prêt à écouter des gens ».
Nicolas Weinberg, Vivre ou presque, nouvelles, Ottawa, Éditions L’Interligne, 2023, 152 pages, 24,95 $. disponible en format EPUB, en PDF ou en version papier, sur interligne.ca.
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