Un sondage pour mieux comprendre les réalités des femmes agricultrices franco-ontariennes vient d’être mis en ligne par l’Union Culturelle des Franco-Ontariennes (UCFO) dans le cadre du projet Égalité des genres des agricultrices pour le leadership, l’équité et la solidarité (ÉGALES).
L’initiative vise à amoindrir ou éliminer les obstacles à la réussite des femmes en milieu rural. « Les femmes francophones qui vivent éloignées des grands centres sont confrontées à plus d’obstacles que les autres : ressources insuffisantes en français, isolement géographique et social, l’absence de soutien pour les femmes, l’accès limité à du mentorat ou des réseaux ainsi que l’absence de transport public rural. » C’est du moins ce qu’affirme le communiqué émis le 21 janvier par l’UCFO au moment du lancement du projet ÉGALES.
« C’est un projet qui est né d’une prise de conscience : les femmes en agriculture cumulent de nombreuses responsabilités, tant sur la ferme qu’au sein de la maisonnée, et leurs réalités sont encore trop peu documentées », explique Pascale de Montigny Gauthier, la coordonnatrice de projet.
Le sondage, qui sera en ligne pour plusieurs mois, cherche à atteindre un maximum de participantes afin de dresser un portrait représentatif de la situation. Il inclut des questions sur les conditions de travail, l’égalité des sexes, la charge mentale et les défis spécifiques rencontrés par les femmes agricultrices, notamment celles issues de groupes minoritaires. Le sondage veut en savoir plus sur les préjugés auxquels font face les agricultrices issues de l’immigration, ayant un handicap ou faisant partie de la communauté 2ELGBTQI+.
Gérante et maraîchère au sein de l’entreprise Jardins Bergeron Gardens de Navan, dont son mari est copropriétaire avec son frère, Viki Dallaire est contente de l’initiative de l’UCFO. Elle avoue que les hommes ont parfois besoin de voir le quotidien avec des yeux de 2025 : « Je regarde mon mari qui a appris son métier à partir de l’exemple de ses parents qui eux l’avaient appris de leurs parents. » Elle se désole quelque peu que, parfois, de vieilles façons de penser viennent envisager la gestion d’une entreprise familiale.
Au sein de Jardins Bergeron, il y a quatre employées, uniquement des femmes. Un aspect clé du sondage ÉGALES est la question du partage des tâches, tant au sein de l’entreprise que dans la sphère domestique. Sur ce point, Mme Dallaire se dit chanceuse : « Chez nous, c’est mon mari qui fait à manger, puis moi je fais le ménage! Ça fait que moi, je suis pas mal contente avec ça. » Elle reconnaît cependant que cette répartition n’est pas la norme pour toutes les agricultrices.
Enfin, la maraîchère souligne les difficultés rencontrées parfois par certaines femmes pour obtenir des prêts agricoles, citant le cas d’une employée qui a dû compter sur ses partenaires pour acquérir une propriété. Cette réalité met en lumière un obstacle supplémentaire pour les femmes souhaitant s’établir en agriculture au moment où cette industrie cherche de la main-d’œuvre en plus de faire face à une concurrence toujours plus grande.
Le projet ÉGALES ne se limite pas qu’à un simple sondage : des groupes de discussion et des rencontres seront organisés à travers l’Ontario afin d’approfondir les enjeux soulevés. « Nous voulons éviter que ces femmes abandonnent leur entreprise faute de soutien, de reconnaissance et de solutions adaptées », précise Mme de Montigny Gauthier.
Ce sera l’occasion de parler de divers sujets notamment de la santé mentale chez les agricultrices dont le média Agricom, membre d’ailleurs du Réseau.Presse, en fait souvent mention.
Le projet ÉGALES s’étendra sur trois ans. Les résultats obtenus permettront d’élaborer des stratégies concrètes pour améliorer les conditions des femmes dans le secteur agricole franco-ontarien.
D’ici là, Viki Dallaire encourage ses consœurs à participer au sondage et à partager leurs expériences, afin de mieux cerner les défis persistants et promouvoir une plus grande équité dans le secteur agricole.