Dix-neuf ans après avoir commencé à écrire, Ariane Millette peut enfin dire
« mission accomplie », elle qui compte maintenant un roman en librairie.
Destiné aux 12 ans et plus, Déchiffrer la tempête raconte l’histoire de Noah qui, après un concert, subit un choc sonore dont son ouïe n’arrive pas à se remettre.
Du haut de ses 15 ans, il devra porter des appareils auditifs. D’abord révolté, il devra apprendre à accepter sa différence.
Malentendante de naissance, Ariane Millette s’est lancée dans cette écriture avec l’intention de pallier au manque de représentation réaliste de la surdité dans la littérature. « On ne parlait pas de la surdité comme je le voulais dans le peu de livres fictifs non autobiographiques que j’ai lus. Il manquait de la profondeur aux difficultés des personnages malentendants ou sourds », explique celle qui a fréquenté l’école primaire et secondaire à Orléans.
Motivée par le désir d’être solidaire et d’épauler les jeunes qui vivent avec une perte auditive, l’autrice a souhaité « leur donner un outil plaisant plutôt que didactique pour leur montrer qu’ils ne sont pas seuls dans leur réalité et pour aider leur entourage à comprendre leurs non-dits. »
Un objectif louable, mais qui a nécessité son lot de recherches. Ne connaissant pas tout sur le sujet, la jeune femme a dû aller chercher l’oeil vigilant d’experts. Une tâche plus difficile à dire qu’à faire, comme elle a pu l’apprendre. « C’était difficile de trouver du monde qui voulait vérifier l’exactitude de mon livre. Par cela, j’entends des personnes travaillant dans le milieu de la surdité. Nombreux de mes courriels sont restés sans réponse. Heureusement, j’ai pu me fier à une audiologiste et une audioprothésiste. »
Au-delà des faits et du réalisme, un roman doit nous faire voyager et faire vivre des émotions.
Pour Mme Millette, c’est le personnage d’Asma, qui perçoit sa surdité d’une tout autre façon que Noah perçoit la sienne, qui l’a particulièrement touchée. « Une jolie jeune femme, étudiante universitaire, dont la beauté et l’assurance intimident Noah (de la bonne façon) et suscitent de l’émerveillement et de l’espoir chez lui. J’ai vraiment trouvé ce personnage beau. Je suis certaine qu’il saura réchauffer des cœurs. »
Le thème de l’acceptation de soi étant très présent dans le roman, la Franco-Ontarienne espère que ses jeunes lecteurs retiennent « que même la plus grande tempête finit par se calmer. Que la normalité n’existe pas. Tout le monde est différent. Tout le monde a son rythme et c’est correct de ne pas être à la hauteur des autres. L’important, c’est d’être à notre hauteur, à notre écoute. Il faut se concentrer sur ce qu’on a de plus, pas ce qu’on a de moins. »
Cette même jeunesse étant souvent confrontée à l’image de la perfection, elle souhaite aussi que Déchiffrer la tempête pourra aider à déconstruire cette idée. « [L]e personnage d’Asma contribue à faire de l’imperfection une perfection. C’est-à-dire qu’Asma voit la beauté dans sa surdité. Elle voit ses appareils comme des bijoux et agence son “look” en conséquence. Cela pousse Noah à réfléchir autrement. Et, il va de soi, le lecteur également. D’autre part, [...] Déchiffrer la tempête montre qu’un problème médical peut atteindre les gens de tous âges. Le livre brise le préjugé où ce serait seulement les personnes âgées qui perdent l’audition ».
Si Déchiffrer la tempête est son premier roman, il ne devrait pas être le dernier. Sans vouloir donner trop de détails, Ariane Millette mentionne qu’une trilogie fantastique sera fort probablement sa prochaine publication. Elle dit aussi travailler un projet d’écriture lié à un contexte scolaire précis.
Peu importe le sujet abordé, l’autrice promet que tous ses livres « sensibiliseront le lecteur à quelque chose : c’est pour cela que j’écris. Je cherche toujours à faire accepter l’autre ainsi qu’à passer des messages dans mes créations littéraires. Entre autres, il est certain que je parlerai souvent d’intimidation. »