Aujourd’hui, les gens d’Orléans peuvent avoir recours aux services de Tristan Pelletier à titre d’agent immobilier. Mais il y a une dizaine d’années à peine, c’est à son pays que l’homme maintenant âgé de 35 ans offrait ses services en tant que membre du Régiment d’opérations spéciales du Canada (ROSC).
Bien qu’il avoue avoir voulu être policier alors qu’il était plus jeune, une carrière dans les Forces armées lui semblait prédestinée : « Mes deux parents étaient des militaires. Ma mère était infirmière et mon père était pilote. Ma mère a fait trois déploiements, mon père en a fait un en Afghanistan. Mon grand-père aussi était pilote dans l’armée. »
Membre réserviste depuis 2008 des Cameron Highlanders of Ottawa, le jeune Tristan n’a pas perdu de temps avant de soumettre sa candidature pour un déploiement en Afghanistan. « J’ai vraiment poussé pour avoir ma place. Au début, on me disait non, parce que je n’avais pas assez d’expérience. Je n’en étais même pas à ma deuxième année complète comme réserviste. »
Bien qu’il était dans l’armée lui-même, il ne faut pas s’imaginer que son père a sauté de joie lorsqu’il lui a annoncé son désir de se rendre dans ce pays déchiré par la guerre. « Il m’a regardé comme si j’avais cinq yeux et il m’a demandé si je savais ce qui se passait là-bas. Mon père était fâché que je me sois inscrit, parce qu’il avait travaillé à la coordination [des extractions aériennes] et avait vu des gars décédés ou sur le point de mourir. »
Tristan Pelletier avoue que ses huit mois passés en Afghanistan étaient éprouvants et qu’il ne savait pas dans quoi il s’embarquait « I went as a boy and came back as a man », dit-il en anglais.
Il se souvient d’ailleurs d’une attaque de roquettes le jour de son arrivée à l’aéroport de Kandahar. Ou encore le fait que, trois semaines après son arrivée, il y avait déjà un décès parmi les membres de son groupe. « Il devait retourner chez lui dans une semaine », se souvient-il.
Peu de temps après son retour au Canada, il a décidé de tenter sa chance auprès du ROSC. Des 140 personnes qui ont commencé le processus avec lui, seulement douze l’ont terminé. Ce travail lui a permis d’aller au Mali pour y protéger l’ambassadeur canadien, de suivre une formation de breacher (« C’est le gars qui fait sauter les portes pour que les autres puissent entrer dans l’édifice ») avec les Navy SEALS américains et de former les forces spéciales jamaïquaines en breaching.
Choisissant une vie civile, il a quitté l’armée le 6 janvier 2016. Cette transition a été, de son propre aveu, parmi les choses les plus difficiles qu’il a faites.
Heureusement, il a pu compter sur la communauté d’ex-militaires pour l’épauler. C’est d’ailleurs le conseil qu’il donnerait à tous ceux qui souhaitent faire comme lui : « Fais-toi un bon plan and stick to your tribe. Les anciens militaires vont te faire savoir que tu n’es pas seul et il y a beaucoup de groupes d’ex-militaires qui peuvent t’aider avec leurs différentes connexions en business. C’est ça qu’ils ont fait pour moi », conclut-il..