En janvier 2020, Dina Al-Eryani, accompagnée de ses deux filles, et plus tard de son conjoint, a quitté son pays d’origine, le Yémen, pour venir s’installer au Canada, à Orléans.
Si Mme Al-Eryani se sent aujourd’hui à l’aise et bien intégrée dans sa communauté, elle se souvient douloureusement de son arrivée.
« Je n’avais pas d’endroit où mettre les enfants », se rappelle-t-elle. « C’était difficile et flou quand je suis arrivée. »
« J’étais seule, mon mari était entre le Canada et la France », poursuit-elle. « J’avais un enfant en bas âge et je n’ai trouvé aucun programme de garde d’enfants. J’avais l’impression d’être prise au piège. »
Dina Al-Eryani et son conjoint cherchaient un endroit bilingue où élever leur famille.
« J’avais entendu dire qu’il s’agissait de la région francophone d’Ottawa », rapporte Mme Al-Eryani. « J’ai aimé cela, car j’ai pensé que les écoles seraient bonnes. »
Étant elle-même bilingue, Mme Al-Eryani n’a pas eu trop de mal à se trouver un emploi.
« Le fait d’être bilingue m’a permis de travailler pour le gouvernement », raconte-t-elle. « J’ai été embauché pour une durée indéterminée. »
« Les personnes qui font partie de ma vie aujourd’hui sont pour la plupart des personnes que j’ai rencontrées ici au Canada », sourit Dina Al-Eryani qui se rappelle s’être fait ses premiers amis au Canada parmi les parents des camarades de ses filles.
Désormais, des voisins et des collègues constituent également son cercle social. « Je suis de nature très sociable. Je parle aux gens et j’aime être avec eux », confie-t-elle, certaine que cet aspect de sa personnalité a grandement contribué à faciliter son intégration au Canada.
Pour les nouveaux arrivants, l’accès à l’emploi représente un défi de taille selon le coordonnateur en engagement communautaire pour Santé publique Ottawa, Luc Malemo, lui-même originaire du Congo.
« Il existe une bonne gamme de services qui accompagnent les nouveaux arrivants dans la recherche de l’emploi et de l’appui, mais ce n’est pas facile en général », avertit-il. « Tout dépend de la rapidité avec laquelle le nouvel arrivant établit un réseautage, de ses connaissances de l’anglais et/ou du français, et de son domaine initial de profession. »
M. Malemo regrette d’affirmer que les nouveaux arrivants n’ont souvent pas d’autres choix que « d’accepter n’importe quel genre de travail sans se soucier de ce qu’était leur statut social avant d’arriver au Canada. »
« Des professeurs d’université, des médecins spécialistes, des avocats, des ingénieurs, des ex-ministres de gouvernements même deviennent des agents de propreté, des agents des services de sécurité, des chauffeurs de taxi ou des portiers », donne pour exemple M. Malemo.
Des nerfs solides et de la souplesse, voilà de quoi doivent se doter les nouveaux arrivants pour affronter la recherche d’emploi, croit ce dernier.
« Si un nouvel arrivant cherche un travail plus rémunérateur ou plus proche de sa profession initiale, il pourrait attendre des décennies avant de le trouver », poursuit M. Malemo. « Et encore là, la majorité finit par se rabattre sur des postes moins payants. »
Luc Malemo raconte lui-même avoir dû retourner à l’école à son arrivée au Canada, il y a maintenant sept ans.
Alors dans la quarantaine, ce dernier se rappelle encore aujourd’hui le choc qu’il a vécu en constatant que ses collègues de classe avaient pour la grande majorité la moitié de son âge. « Ils avaient presque l’âge de mon fils aîné », s’exclame-t-il.
M. Malemo raconte qu’il a plus tard obtenu un contrat au sein de Santé publique Ottawa grâce à la politique d’inclusion de la Ville.
Luc Malemo aimerait que le gouvernement canadien mette en place un programme qui permettrait aux nouveaux arrivants d’effectuer des stages ou des formations sous supervision dès leur arrivée au Canada « pour faciliter la licensure dans leurs professions. »
« Ces ressources sont déjà formées à l’étranger », plaide-t-il. « Il s’agit de main-d’œuvre que le Canada pourrait utiliser. »