L’Ontario
français n’a presque plus de secret pour une jeune Tchèque.
Alice Luáková, une étudiante de 25 ans, a découvert la richesse
de la culture franco-ontarienne dans le cadre d’un échange
d’étude de huit mois à l’Université Laurentienne, à Sudbury.
Originaire de Prague, l’étudiante à la maîtrise en enseignement
de l’anglais et du français pour les enfants à l’Université
Masaryk, a profité de l’échange pour s’immerser dans la
vie franco-ontarienne.
L’Orléanais
s’est entretenu avec elle avant les coupures du 15 novembre
dernier du gouvernement Ford.
Qu’est-ce
qui t’as incitée à étudier au Canada ? Je voulais essayer
de vivre dans un endroit bilingue et aussi découvrir le
français canadien.
Est-ce
que ton intégration dans la communauté franco-ontarienne
s’est faite rapidement? Oui, assez rapidement et plus
facile-ment que parmi les anglophones. Je trouve que les
Franco-Ontariens sont assez fiers de leur culture et ils
aiment la partager et la montrer aux étrangers.
Quelle
est la grande ressemblance entre l’Ontario français et la
République Tchèque ? Le rôle central que joue l’Église
dans l’organisation sociale.
Quelle
œuvre théâtrale franco-onta-rienne t’as plu ? La parole
et la loi [création collective de 1979 par le Théâtre La
Corvée inspirée de la lutte au Règlement 17]. Ceci a donné
une image de l’histoire franco-ontarienne et le défi des
Franco-Ontariens à se battre pour leur langue.
Tu
as séjourné en France. À ton arrivée au Canada, as-tu trouvé
l’accent franco-ontarien difficile à comprendre ? Les expressions,
notamment ? Oui, l’accent était complètement différent.
Ç’a pris du temps à s’habituer. Il y avait des mots que
je ne comprenais pas parce qu’ils ne sont pas utilisés en
France. Par exemple « souper », « écouter un film », « pourriel
» et « il fait frette. » (Rires).
Parle-nous
du cours sur le patri-moine franco-ontarien que tu as suivi
à l’Université de Sudbury ? C’est un cours enseigné
par Daniela Moisa, une nouvelle professeure à l’Université
de Sudbury.
Il était
question de notions générales telles que « qu’est-ce le
patrimoine ? », mais aussi de recherche autonome : chaque
étudiant devait travailler sur un projet de son choix pendant
un semestre. Le mien s’appelait « L’observation du patrimoine
franco-ontarien lors des entrevues ».
Je rencontrais
hebdomadairement, pendant une heure, un étudiant franco-phone
de l’Université de Sudbury afin de découvrir son patrimoine
culturel et familial au gré de conversations. Ses réponses
et pensées sont très utiles pour ma maîtrise. J’ai entre
autres découvert que la belle-mère de l’étudiant possède
un livre de recettes qui a été écrit par sa mère, lequel
ayant une grande valeur symbolique. J’ai même passé une
fin de semaine avec cette famille, ce qui m’a permis d’observer
les coutumes et la vie quotidienne de la famille franco-ontarienne.
Je suis devenue très proche de cette famille et elle m’a
aidée à m’intégrer.
En
terminant, quelle est la perception du français chez les
étudiants de la République Tchèque ? Le français est
perçu comme une langue très difficile et peu utile. J’ai
moi-même commencé à apprendre le français par hasard.
À 15 ans,
j’ai changé d’école où l’allemand n’était pas enseigné,
mais le français, oui. Je ne voulais pas au début, je pensais
qu’elle était trop difficile, mais après un mois, je suis
tombée complètement amoureuse de cette langue. Ça m’a tellement
plu que j’ai continué à l’étudier. Règle générale, après
l’anglais, les étudiants tchèques préfèrent l’allemand,
l’espagnol et même le russe.
(Cet article a pu être publié grâce au généreux appui de nos partenaires commerciaux locaux.)