Nous avons aménagé dans notre nouvelle maison en 1988. Comme il restait quelques retouches à faire, j’ai décidé de me procurer deux ensembles pour peinturer qui me serviraient longtemps. Ces ensembles sont des couvre-tout avec fermetures éclairs et capuchons pour la tête, très légers, assez fragiles, mais robustes faits d’une toile mince et bleue. Avec des gants de latex, ce devait être mon « attirail » pour peinturer, moi qui me tache de peinture seulement à ouvrir le couvercle du contenant.
En 1990 est née notre première petite-enfant. L’Halloween approchait et je songeais ce que je pourrais faire pour apeurer notre petite Mariluc. Les ensembles de peinture semblaient adéquats pour l’occasion.
En 1993, mon plan était fait pour l’effrayer, car... c’est permis pour cette fête dite « des enfants ».
Sa mère l’amena chez nous vers 19 h, j’étais prêt. J’enfilai mon costume bleu. Un linge blanc me couvrait le visage, laissant deux petits trous pour les yeux. J’avais de longs gants et des bottes de caoutchouc ornés de longs feuillages sortant de mes bottes et gants.
Je m’assis sans bouger sur une chaise à l’extérieur, le cœur battant à toute vitesse en attendant cette belle petite qui arriverait accompagnée de sa mère.
Elle était habillée en fée et tenait dans sa main un petit bâton orné d’une étoile en papier d’aluminium. Alors que les deux montèrent lentement les marches du perron, elles s’approchèrent de moi.
La mère dit : « Fais-lui peur avec ton bâton magique. » Ce qu’elle fit. Le bonhomme bleu dit : « Allô, Mariluc. » La petite de 3 ans fut moins effrayée que sa mère, ma fille.
Sa mère s’approcha de moi et me dit « Gros bébé » ce qui fit remuer les épaules du Bonhomme bleu, car la joie remplissait le coeur de ce gros bébé bleu qui avait réussi plus ou moins à effrayer sa petite-fille, et sa fille en ce beau soir d’Halloween.
L’année suivante, il fallait avoir quelque chose de différent, car le Bonhomme bleu s’était fait reconnaître auparavant.
Cette fois, ce serait deux bonhommes bleus qui se trouveraient sur le perron.
J’installai un faux Bonhomme bleu bourré de feuilles, assis près de la porte et un autre à environ 3 mètres plus loin, sur le palier inférieur du perron.
Assis sur une chaise dans le même camouflage, le Bonhomme bleu cachait ce grand-père toujours aussi anxieux de voir la réaction de sa petite-fille et de sa mère.
Les deux passèrent doucement devant de moi et se dirigèrent vers le Bonhomme bleu près de la porte, pensant possiblement que je me cachais au même endroit que l’année précédente.
Alors que la petite, encouragée par sa mère, brandissait son bâtonnet et l’étoile magique au Bonhomme bleu près de la porte, je me levai doucement, je montai deux marches et j’arrivai en arrière d’elles en toussotant, ce qui fit sursauter les deux.
J’ai dû essuyer un autre commentaire de la mère alors que la petite se précipita à l’intérieur de la maison dans les bras de sa grand-mère.
Quelle joie pour moi d’avoir encore réussi mon sortilège!
Près de trente ans plus tard, je m’apprête à faire sursauter l’an prochain le petit Antoine de deux ans que Mariluc nous a donné, nous les arrière-grands-parents.
J’ai bien hâte au 31 octobre 2023. Peut-être retrouverai-je mon bonhomme bleu?