« Dépêche-toi
de mettre tes chaussures, viens vite, on va être en retard.
Finis vite ton déjeuner, quoi? Tu n’as pas encore brossé
tes dents? » J’ai réalisé récemment (oui, réalisé! Il me
semble que je n’en avais jamais pris conscience) que ma
fille de six ans n’avait aucune idée de ce que voulait dire
« se presser ». Grand bien lui fasse! Car ces phrases-là,
c’est pendant nos vacances que je me suis entendue les dire…
Ah! Cette culture
d’être tout le temps pressé…
Structure de
performance, culture de la productivité à tout prix… Pour
beaucoup d’entre nous, la suractivité permanente est devenue
un mode de vie. « Cette “surchauffe permanente” est souvent
valorisante », observe le Dr Dominique Servant, psychiatre,
responsable de l’unité spécialisée sur le stress et l’anxiété
au CHU de Lille, cité dans un article du journal Le Figaro
(lefigaro.fr). Dans notre société, être débordé est souvent
vu une comme une réussite. C’est même parfois valorisant.
Mais que donnons-nous
comme exemple à nos enfants en étant sans cesse à la course?
Dans un monde où des jeunes d’une quinzaine d’années connaissent
déjà des diagnostics de surmenage, il est intéressant de
se demander quel sera l’avenir d’une telle culture. Sommes-nous
réellement plus productifs pour autant?
Avec nos téléphones
intelligents qui nous permettent d’être joignables partout
et en tout temps, difficile parfois de décrocher. Nous partons
en vacances avec une liste de suivis à faire, courriels
à répondre, urgences à gérer… Les collaborateurs ou les
clients ne semblent plus avoir conscience des horaires de
travail : en arrivant chez un mécanicien à 21 h le soir
sans rendez-vous ou en téléphonant la fin de semaine pour
un sujet professionnel. Les limites de temps et surtout
de « temps personnel » sont désormais floues.
Nous courons
trop souvent après le temps, pour faire toujours plus, toujours
plus vite et surtout, faire toujours quelque chose, tout
le temps. Au-delà du contexte professionnel, nous nous engageons
sans cesse dans plus de projets. Moi-même, j’avoue avoir
inscrit mes enfants à des activités parascolaires plus que
de raison, sous prétexte qu’ils en avaient envie. Loin de
moi l’idée que cela pourrait être trop (pour eux comme pour
moi), et surtout, qu’en les habituant à en faire toujours
plus, je leur envoyais le message que ce qu’ils font de
8 h 35 à 15 h 15 n’est « pas assez ». Pas assez pour quoi?
Pour eux, pour moi, pour la société, pour leur avenir?
Catherine Forest,
blogueuse nomade (roaditup.com), a proposé récemment sur
sa page de média social de « commencer la révolution Anti-busy
». Est-ce cela la vraie révolution de notre société : ralentir?
Est-il possible de vivre nos vies en travaillant moins?
De réussir à combiner nos attentes face à la vie tout en
réduisant nos moyens de subsistance? Existe-t-il un système
dans lequel nous pourrions tout simplement être moins rushés?
La performance passe-t-elle forcément par l’occupation continue?
Autant de questions
que je laisse en suspens. Je pense qu’il est bon de décrocher,
de ralentir un peu. Une fois de temps en temps, il est bon
de rappeler à ses collaborateurs « que la plupart des choses
pourront attendre », de laisser notre enfant finir son assiette
tranquillement… Même si cela implique que nous aurons quelques
minutes de retard au cours de natation!
Allez, je vous
laisse méditer là-dessus. Asseyez-vous donc confor-tablement
pour lire le journal. Une petite pause lecture, ça fait
toujours le plus grand bien!