Il y a
des choses qui prennent du temps à se réaliser… beaucoup
de temps même. Cela semble être le cas de la rue Maisonneuve
située au cœur du village d’Orléans. Il s’agit d’une petite
rue tranquille, au nord-est de l’église Saint-Joseph, entre
la rue St-Pierre et la rue Gabriel. Voici son histoire.
Dès la
production, en 1858, d’un premier plan du futur village
St-Joseph d’Orléans (plan no 8), établi par Luc Major, à
la demande de Mgr Guigues, une petite rue St-John est prévue
entre la rue Ste-Anne (St-Pierre) et la rue St-Paul (Gabriel).
Quand un nouveau plan (no 86) est établi en 1881, intégrant
le plan (no 10) de François Dupuis pour le développement
de ses terres à l’ouest de l’église, la petite rue prend
le nom de rue Sophia pour éviter un conflit avec la rue
St-John (St-Jean) du côté ouest.
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Maison
construite en 1968 au 1134 de la rue Maisonneuve. PHOTO:
WEB |
Enfin,
en 1957, le cadastre de Carleton présente des changements
de noms de rue dans les plans du « Police Village of St-Joseph
d’Orléans » qui commence à recevoir de nouveaux arrivants.
La rue Sophia devient alors la rue Maisonneuve, de nom,
sans être encore concrétisée. Bien qu’il y ait des familles
Maisonneuve dans les environs, il semble que la rue est
ainsi renommée en hommage à Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve
(1612-1676), cofondateur, avec Jeanne Mance, de la ville
de Montréal en 1642. C’est au même moment que la rue Cumberland
devient la rue Champlain.
La rue
Maisonneuve, conçue origin-alement en 1858 sous le nom St-John,
voit finalement le jour au cours des années 1960 sous forme
de sentier en terre battue gravelée. Au milieu des années
1970, on y ajoutera une surface goudronnée. Cette rue reliera
le boulevard St-Joseph à la nouvelle rue Rocque en prenant
emprise entre le magasin général Montpetit (aujourd’hui
Rixxx Adult Store) et la caserne de pompiers/centre communautaire
(aujourd’hui le site du poste de paramédics).
Les deux
premières maisons qui y sont installées ont ceci de particulier
: il s’agit de maisons déplacées d’autres sites du village.
La première est l’ancienne maison à pignon de Victor Lacroix,
père de Ernest, bouchers, située sur le boulevard St-Joseph
à l’ouest de l’ancienne caserne de pompiers. Cette maison
rénovée et agrandie sans pignon existe toujours au 1133
rue Maisonneuve et a été habitée pendant de nombreuses années
par la famille de Jean Leury, aiguiseur d’outils.
La deuxième
maison déplacée, située au 1128, en face de la maison Leury,
est une ancienne maison construite par Ernest Laflamme.
Elle était située à côté de l’Hôtel d’Orléans (site du Jardin
Royal actuel) et occupée par Gaston Laflamme, hôtelier.
La maison a été déplacée sur un lot, dont Gaston était propriétaire,
et habitée pendant de nombreuses années par Gaëtan et Pierrette
Desjardins, parents d’une fille et de deux garçons, un desquels
est Guy Desjardins, maire de la Cité Clarence-Rockland.
Dans les années 1970, Gaëtan Desjardins avait ouvert une
boutique de location d’outils, A. D. Rentals, à l’est de
l’hôtel sur le boulevard St-Joseph.
La première
maison neuve, construite en 1968, au 1134 de la rue Maisonneuve
(terrain acheté par Aristide Grenier en 1961 et vendu à
son fils en 1965), est toujours le domicile de Jean-Marie
et Émilie Grenier. Pendant plusieurs années, les citoyens
prennent un raccourci, même en voiture, à travers le terrain
des Grenier pour se rendre au bureau de poste de la rue
St-Pierre, tenu par Jean-Marcel Montpetit (1960-1975). Plus
tard, une douzaine de nouvelles maisons viendront s’y ajouter
et remplacer les terrains marécageux à quenouilles, au nord.
Comme
d’autres petites rues du village, la rue Maisonneuve conserve
les traces des rues naissantes des années 1960 : fossés
servant d’égouts pluviaux, rues goudronnées sans trottoirs
et éclairage minimal.
Mais ce
quartier, rempli d’histoire pour, entre autres, les familles
Leury, Desjardins, Tardif, Grenier, Montpetit, Lemay, Guay,
Paquette et Delorme qui y ont vécu, reste toujours vivant
à l’ombre du clocher de l’église.
(Cet article a pu être publié grâce au généreux appui de nos partenaires commerciaux locaux.)