Six mois après son ordination, le Mexicain de 37 ans Diego Rebeles aura l’occasion de célébrer sa première messe de Noël avec les fidèles de sa paroisse, Saint-Joseph d’Orléans. Des festivités en perspective qui n’empêchent pas l’homme originaire de Monterrey d’avoir un regard réaliste sur la foi.
L’histoire ne dit pas si ce sont sur les marches de l’Oratoire Saint-Joseph que Diego Rebeles a décidé de prendre la route vers Orléans! Mais il est vrai que c’est après avoir étudié à Montréal et avoir aidé au célèbre sanctuaire qu’il a pris la route d’Orléans vers une autre halte dédiée au saint charpentier.
Contrairement à Montréal où il y en avait déjà, l’archidiocèse d’Ottawa-Cornwall avait besoin d’un prêtre hispanophone, raconte celui dont le français est riche d’expressions aux francophones d’ici. De plus, sa présence à Saint-Joseph d’Orléans vient soutenir le travail de son vétéran curé, Mgr Maurice Dionne. « Je suis vraiment heureux de rendre service à mes paroissiens », confie Diego Rebeles, « de pouvoir les accompagner dans la joie comme lors des mariages ou des baptêmes, mais aussi dans la peine quand quelqu’un souffre ou lors des décès. »
Pendant longtemps, de nombreux prêtres francophones d’ici sont allés évangéliser dans d’autres contrées. La baisse de la foi dans les communautés francophones agit comme un retour du balancier. Ce qui n’est pas pour déplaire à celui qui vénère Notre-Dame de la Guadalupe, icône mexicaine par excellence. « Depuis mon enfance, j’ai rêvé d’être missionnaire! », lance le Padre Rebeles, qui est très conscient que le christianisme n’est plus à la mode.
Quand arrive la question des Premières Nations et de la souffrance que certains ont subie dans les pensionnats pour les jeunes Autochtones, Diego Rebeles ne se défile pas. Cependant, il mentionne que si le gouvernement canadien a fait appel à l’Église catholique, c’est « parce que ça ne coûtait pas cher ». Il y a toujours deux côtés à une médaille. Même s’il n’est pour rien dans tout ce contentieux, Diego Rebeles raconte qu’il a connu « des moments rough », se faisant insulter dans la rue, face à l’église Saint-Joseph, parce qu’il est prêtre. Mais en tant que croyant, « on porte le poids des péchés des autres ».
Pourra-t-il y avoir un jour réconciliation entre l’Église catholique et les Premières Nations? Le prêtre séculier est d’avis que cela va prendre du temps, mais que c’est essentiel. Il rappelle qu’avant la pandémie, des représentants autochtones et des évêques canadiens devaient aller voir le pape. La COVID-19 a tout arrêté pour l’instant. Si selon Diego Rebeles, il est facile « de se faire passer pour une victime », il importe de rétablir les ponts comme l’avait fait, selon la tradition chrétienne, la Vierge Marie, Notre-Dame de la Guadalupe, au XVIe siècle. Alors que les Espagnols avaient été particulièrement brutaux à l’égard des Autochtones mexicains, elle est apparue à un jeune aztèque, Juan… Diego!.