La pandémie a certes ralenti l’activité économique dans nombre de pays. Mais elle n’a sûrement pas réussi à freiner le prix des maisons à Orléans.
Yvan Rhéaume est courtier immobilier. Il a aussi fait des études universitaires en marketing, en économie et en planification financière personnelle. Il connaît donc le terrain. Les chiffres qu’il sort donnent le vertige.
Selon le Ottawa Real Estate Board, le prix médian d’une maison en 2020 était de 500 000 $ pour Orléans. Un an plus tard, il est à 660 000 $. Un bond de 30 %. Pour les condos, on est passé à 420 000, soit une hausse de près de 37 % par rapport à 2020.
En pleine pandémie, n’est-ce pas surprenant ? Pour le courtier, son statut de ville gouvernementale a protégé Ottawa en quelque sorte, les emplois étant moins touchés qu’ailleurs.
Marché de vendeurs, s’il en est un, la liste des maisons sur le marché n’est pas très épaisse. D’après Yvan Rhéaume, si on arrêtait demain matin de prendre des propositions de vente, l’inventaire des condos serait à sec six semaines plus tard. Pour les maisons, c’est pire si on considère que l’inventaire s’épuiserait en 1,35 mois.
L’an dernier Pierrot Ross-Tremblay a dû quitter Sudbury pour Orléans lorsqu’il est devenu titulaire de la Chaire de recherche du Canada en traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples à l’Université d’Ottawa.
Il se considère chanceux d’avoir eu affaire avec un courtier honnête, qui l’a pris un peu sous son aile, lui et sa famille. Il était conscient que ses clients ne pouvaient pas être à Ottawa toutes les fins de semaine pour visiter.
Une autre acheteuse, qui préfère garder l’anonymat, trouve assez déplorable le fait qu’il faille cependant miser pour avoir une chance d’obtenir la maison qu’on souhaite. Avec comme prix de départ 449 000 $, la maison lui a été cédée moyennant 50 000 $ supplémentaires. « Les lois du marché mènent le bal. Maintenant, c’est le prix le plus élevé avec le moins d’exigences possible qui l’emporte. » Selon son expérience, si elle avait le malheur de parler de faire inspecter la maison, le courtier passait automatiquement à un autre acheteur.
Puisque selon cette nouvelle Orléanaise, « le proprio et l’agent immobilier sont rois », elle se demande si l’Autorité des marchés financiers (AMF) ne devrait pas réglementer un peu plus les règles du jeu. À l’AMF, on s’en défend bien. « La hausse des prix de l’immobilier n’est pas un domaine qui relève des pouvoirs de l’Autorité des marchés financiers » affirme le service des communications. « Cet enjeu est de nature gouvernementale », poursuit la même source.
Le député d’Orléans Stephen Blais déplore aussi le fait que les jeunes familles puissent difficilement avoir accès à des habitations abordables. Selon le député, « il faut que les familles francophones aient la possibilité de rester à Orléans »; la tentation étant parfois grande d’aller vers Gatineau, là où les maisons sont moins chères.
C’est dans cette perspective d’encourager les logements à des coûts décents que le député et son équipe faisaient des consultations à la mi-juin dans Orléans, afin d’élaborer une plateforme sur la question. « Certainement que nous annoncerons nos plans dans le futur. »t