Les allié.e.s
du patrimoine franco-ontarien étaient conviés à Ottawa par
le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) à une grande
soirée de célébration, le 26 février dernier. Pour l’occasion,
l’organisme provincial tenait un panel de discussion sur
le militantisme franco-ontarien à travers l’histoire ainsi
que la remise de ses prix du patrimoine franco-ontarien,
les prix Huguette-Parent et Roger-Bernard.
Rassemblés
au 435 rue Donald sous le thème « Militant.e un jour, militant.e
toujours », les participants ont pu entendre un panel rassemblant
des acteurs et témoins de grandes luttes franco-ontariennes.
Le panel regroupait Alain Dupuis, Rolande Faucher, Solange
Fortin, Najat Ghannou, Jacqueline Pelletier et Félix Saint-Denis.
Animé
par Diego Elizondo, le panel a été riche en révélations,
en émotions et en discussions. Les panélistes ont raconté
les racines de leur militantisme franco-ontarien.
Militante
d’abord au Maroc dans les mouvements Scouts et Guides et
pour la cause des femmes, Najat Ghannou a été une partisane
d’Ottawa ville bilingue, particulièrement dans les dernières
années. Rolande Faucher s’est impliquée à la fin des années
1960 dans le domaine scolaire suite à l’invitation de Gérard
Lévesque et de Françoise Lavergne. Pour Jacqueline Pelletier,
l’activisme contre les expropriations des plaines LeBreton
a été son prélude au militantisme franco-ontarien. L’engagement
d’Alain Dupuis remonte à ses années au secondaire et à son
implication à la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne),
alors que Félix Saint-Denis a grandi dans le militantisme
franco-ontarien depuis son enfance (son père, Yves, ayant
présidé l’ACFO provinciale et sa grand-mère, institutrice,
ayant combattu le Règlement XVII à St-Eugène).
Tous les
panélistes ont témoigné de mentors qui les ont encouragés
à s’engager.
Parmi
les hauts faits de leur militantisme, Jacqueline Pelletier
a raconté s’être fait délibérément arrêtée, et emprisonnée
à trois reprises à la prison du chemin Innes, à l’époque
du mouvement C’est l’temps!, campagne de désobéissance civile
pour réclamer l’accès à la justice en français en Ontario.
Pour Solange Fortin, la crise linguistique de 1990 à Sault-Ste-Marie
a été difficile sur le plan personnel, sa famille ayant
reçu des menaces de mort. L’arrivée à une université dite
bilingue, mais dont la plupart des activités se déroulent
en anglais à été un choc pour Alain Dupuis, cofondateur
et premier directeur général du RÉFO (Regroupement étudiant
franco-ontarien).
Comme
souhait pour la résistance franco-ontarienne actuelle, Félix
Saint-Denis, Najat Ghannou et Alain Dupuis ont livré un
plaidoyer pour que le militantisme franco-ontarien soit
diversifié et inclusif. Rolande Faucher a rappelé que le
leadership se partage. Jacqueline Pelletier, elle, a souligné
qu’il valait mieux militer en s’amusant et Solange Fortin
a fait appel à la solidarité des francophones.
Une dégustation
de poutine et de bières de la brasserie franco-ontarienne
Étienne-Brûlé d’Embrun a suivi le panel. Les prix du patrimoine
du RPFO ont ensuite été présentés.
Un moment
émouvant a eu lieu lorsque l’ambassadeur du Mois du patrimoine
en Ontario français de cette année, Marc Keelan-Bishop,
a rencontré Félix Saint-Denis et Jacqueline Pelletier, deux
de ses sources d’inspiration. «Pour activer et réveiller
notre communauté, nous devons mieux conter nos histoires»,
a lancé l’illustrateur officieux de l’actuelle résistance
franco-ontarienne.
La présidente
fondatrice du ROPFO (Regroupement des organismes du patrimoine
franco-ontarien et l’actuel RPFO), Sœur Huguette Parent,
a présenté le prix qui porte son nom en livrant un message
pour la paix : «Depuis le Règlement XVII, nous revendiquons
nos droits dans la dignité […]. Notre patrimoine, c’est
notre raison de vivre parce que c’est notre vision d’avenir.»
Le prix
Huguette-Parent a été remis à Colette Gauthier-Côté d’Orléans.
Le second prix de la soirée, le Prix Roger-Bernard, a été
remis à l’Amicale de la fabrique de la paroisse Saint-Bernard
de Fournier.
(Cet article a pu être publié grâce au généreux appui de nos partenaires commerciaux locaux.)